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Elle se définit elle-même comme une architecte du collectif ou, quand elle doit faire simple, une conseillère en communication: Joëlle Cornuz a fondé son entreprise PARTICULE Z en 2005. Avec toute sa générosité et sa passion pour les projets humains, Joëlle nous a aidés dès les débuts de Bouleau et elle continue de nous conseiller. Cela valait bien une interview afin de vous la présenter.
Ah tu veux parler de météo intérieure? Ça se prépare, mais là je n’ai rien préparé… Alors, je vais bien, merci, et toi? Le jeu de l’interview est particulier pour moi, parce que la plupart du temps je reste dans l’ombre, ce n’est pas de moi qu’il s’agit.
J’ai plusieurs réponses à te donner. D’abord, c’est important pour moi de dire que j’ai affaire à des personnes et pas à des entreprises. Tout ce qui touche à la compréhension de l’humain m’anime. J’ai eu des mandats en lien avec des psychologues du travail et dans le domaine de l’organisation du collectif. Dans ces deux aspects, on parle d’identité. Enfin, je cherche toujours à aller au-delà des apparences pour agir sur les fondations. Au début, il y a le plan idéal de ce qu’un client désire construire, puis on se confronte à la réalité et aux contraintes du terrain. Cette pratique peut s’apparenter au métier de psy, à la différence que je ne soigne pas des problématiques psychiques à proprement parler.
C’est clairement beaucoup plus large. De ma formation de base en architecture, j’ai gardé le premier réflexe de regarder la vision d’ensemble. Elle m’a aussi appris la gestion de projet, la coordination, la facilitation. Je me rends compte que je ne fais pas qu’une seule et même chose. J’aime avoir plein de tâches. Récemment, on m’a demandé pourquoi mes clients venaient me chercher, moi. Je pense que c’est parce qu’ils veulent travailler sur leur visibilité, leur notoriété, leur image. Même si je n’ai jamais utilisé le terme de «coach», je suis dans l’accompagnement.
Mes clients viennent vers moi parce qu’ils ne savent pas comment s’y prendre. Tu me diras, c’est la même chose pour un garagiste, un webdesigner et plein d’autres métiers. La différence réside peut-être dans le fait que, souvent, ils ont déjà eu des expériences avant de me contacter. Ils ont essayé et ça n’a pas marché. Ça tourne en rond. Je suis contente d’intervenir dans ces situations. Puisqu’ils ont déjà essayé, ils comprennent mieux le travail que leurs projets impliquent derrière.
En 2005, j’ai commencé seule, mais j’ai rapidement sous-traité des tâches à des freelances, par exemple de la rédaction, de la traduction, etc. J’ai engagé une personne en 2009 pour me soutenir sur un gros projet et elle est restée. En dix ans, j’ai eu deux collaboratrices. Elles n’avaient pas de connaissances dans le domaine, je les ai formées et j’ai trouvé ça génial. En transmettant, on se rend compte de nos propres fonctionnements. Je travaille à nouveau seule depuis 2019. Au-delà des deux dernières années difficiles pour tout le monde et particulièrement pour moi qui fais beaucoup d’événementiel, c’était une volonté. Je suis plus libre de mes horaires et surtout de choisir mes projets. Je n’ai plus besoin d’accepter absolument tout parce qu’il faut sortir un salaire.
J’avais de la peine à répondre à cette question, alors j’ai demandé à mon compagnon. Selon lui, c’est parce que j’aime les gens. Cette réponse me va tout à fait! Quelqu’un a dit, chaque personne, chaque rencontre est un vrai trésor. Et c’est juste. Mais ça dépend ce qu’on veut en faire, c’est une question d’opportunités. Quand j’étais petite, j’étais plutôt renfermée, introvertie. En fait, je n’aimais pas ce qu’on appelle les «small talk», parce que c’était banal. Depuis que je suis à mon compte, j’ai appris à utiliser ces petites discussions légères pour prendre la température. Parce qu’une rencontre peut être un trésor, mais elle peut également être un cauchemar! En allant vers l’autre par petits pas, on peut aussi prendre congé par petits pas…
Oui, plus que jamais! Cela dit, il y a une mécompréhension de ce qu’est le réseautage. J’ai déjà entendu des personnes dire qu’elles ne veulent pas réseauter parce qu’elles ne veulent pas manipuler les autres, faire du forcing. D’autres pensent que réseauter c’est donner des cartes de visite. Réseauter n’est pas vendre. Si, dès le début de la démarche, on se dit qu’on va vendre, on se met un autogoal. La monnaie d’échange du réseautage, c’est l’info. Plus tu as de réseau et plus tu es riche. Réseauter, c’est passer un moment de qualité, un moment exclusif, avec quelqu’un. On peut donc réseauter «en présentiel» ou à distance.
Non. Pour moi, le bouche-à-oreille est une recommandation et le réseautage une relation. Le réseau représente un terreau, qui s’entretient. Par contre, pendant un moment de réseautage, on peut être amené à utiliser le bouche-à-oreille.
Justement, comme on le disait, le réseautage ce n’est pas de la vente. Il faut donner avant de recevoir, être à l’écoute de l’autre, montrer des petites attentions. Il faut se dire «je n’ai pas d’attentes, ce qui m’intéresse, c’est le moment que je suis en train de vivre.» Une expérience de réseautage est un moment de qualité, durant lequel il peut se passer des choses multiples. On peut attirer des personnes, leur donner envie d’en savoir plus et peut-être de nous recommander ou de faire directement appel à nous. Se dire «lui, je ne vais pas lui parler, il n’est pas du tout dans mon créneau» est une erreur, parce que n’importe qui peut nous recommander à d’autres.
Bien sûr! C’est intéressant dans ce cadre-là, parce qu’on quitte la posture de demandeur d’emploi et de recruteur. Sans rien promettre, on entre dans un dialogue, on crée des liens, on apprend à se connaître. Le recruteur voit tout de suite comment la personne se présente. Lors d’un entretien d’embauche, la présentation est biaisée. Avec cet exemple, on comprend à quel point il est important d’être bien dans ses baskets quand on participe à un événement de réseautage.
Ça dépend des gens qui les fréquentent et de leur état d’esprit. On peut tomber sur des geeks qui travaillent toute la journée avec leur casque sur les oreilles et ne parlent à personne ou sur quelqu’un qui cause tout le temps. L’important ce n’est pas l’espace en soi, mais les gens et la personne qui anime le lieu. Je laisse parler l’architecte en moi quand je dis: y a-t-il des espaces pour ça? Il faut des endroits pour échanger, prendre un apéro ou un lunch ensemble.
J’ai passé mon enfance dans le sud du canton de Fribourg, le district de la Veveyse, puis je suis venue dans le Gros-de-Vaud, en 2000. Je travaille et je vis dans la région, mais je n’y ai pas grandi et je n’ai pas fait partie de la jeunesse. On vit dans un endroit qui a une philosophie locale. Quand on n’est pas de là, comme moi, on doit s’intégrer. Comme si on venait de l’étranger!
Ceux qui ont grandi à la campagne entretiennent un lien très fort. Ils ont été à l’école ensemble, fait la jeunesse, joué au foot, etc. Tout le monde a un pote menuisier, un autre dans la banque, etc. Quand ils ont besoin de quelque chose, ils demandent au copain. C’est une force. Certains disent même que ce fonctionnement a permis à des entreprises de sortir leur épingle du jeu pendant la pandémie. Ça peut également représenter une faiblesse. On pourrait se contenter du réseau qu’on a et fermer la porte à de nouvelles rencontres. Pour ceux qui se sont établis à la campagne à l’âge adulte, c’est plus compliqué. Ils ont tout à construire. Je trouve aussi que ce n’est pas facile d’être une femme entrepreneure à la campagne. Si on ouvre un salon de coiffure ou une boutique de vêtements, on a sa place car on pratique un métier connu. Mais, à moi, il m’a fallu du temps, parce que je fais un truc que la plupart ne comprenne pas. Et le fait de ne pas venir d’ici, d’être une femme sans être la «femme de» n’a pas aidé…
Travailler entre potes, c’est du copinage. Est-ce qu’on parle de la même chose? Mandater un ami, c’est se faciliter la vie. Réseauter, c’est s’ouvrir à l’inconnu, sortir de sa zone de confort, voir quelque chose de nouveau. C’est aussi évoluer et apprendre de nouvelles choses. Les entrepreneurs et indépendants se doivent d’avoir ces envies-là. Enfin, ça, c’est ma croyance, mais je me suis rendu compte que ce n’est pas toujours vrai.
Chaque personne est unique et particulière. Osons aller à sa rencontre et laissons opérer la magie du moment.
Photo: © Photo-Vertige
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